ARTICLE PUBLIE LE 25/08/2016 – Par Clémence Neyrac pour HOSPIMEDIA (Tous droits réservés 2001/2016)

LE FAIT

Trois ans après son lancement, le service d’aide aux professionnels en souffrance psychique mis en place par le Collège français des anesthésistes-réanimateurs est prêt à s’élargir. Autotest, numéro vert, conférences ou encore documentation attirent de nouvelles spécialités. Car la question du mal-être au travail concerne tous les professionnels.

L’ENQUÊTE

Il s’agit de briser un tabou, celui du mal-être au travail. Banaliser le discours et parler librement des problèmes liés au stress, harcèlement ou encore évoquer les risques de burn out. C’est l’objectif de la commission Santé du médecin anesthésiste-réanimateur au travail (Smart) et du service d’aide aux professionnels en souffrance psychique créé en octobre 2013 par le Collège français des anesthésistes réanimateurs (Cfar). Après presque trois ans d’existence, le dispositif inspire et monte en puissance.

Smart, qu’est-ce que c’est ?

« Nous souhaitions développer l’aspect informatif et pédagogique pour changer la culture et l’approche du problème. L’objectif est d’éviter les accumulations et les accidents », résume le Dr Max-André Doppia, porteur du projet et président de la commission. Et l’anesthésiste de citer le cas de l’Australie, où depuis 1998, ces problèmes sont abordés et des outils dédiés sont en place. « Nous avons vingt ans de retard en France », poursuit-il. Pour le rattraper, la commission Smart a notamment lancé un site Internet. Une plateforme pour consulter de multiples ressources. Tabac, alcool, anxiété, fatigue, dépression… de nombreuses sources et formes de mal-être psychique sont évoquées, sans tabou et toujours avec des conseils. Outre ce volet prévention, ce dispositif réside également dans la mise en ligne d’autotests classés par thématique. Une manière pour les professionnels d’évaluer leur situation en répondant à une série de questions. Les réponses sont anonymes. « C’était important de mettre en place un système qui soit totalement anonyme, cela permet de parler librement des problèmes », explique Max-André Doppia. Ces questionnaires ont été construits avec des professionnels. « Certains ont été récupérés car reconnus par la communauté scientifique, mais d’autres, comme celui sur le harcèlement, ont été créés en collaboration avec un juriste. » Un diagnostic qui permet d’estimer chaque situation et d’orienter par la suite vers des fiches thématiques.

Un dispositif qui respecte l’anonymat

L’innovation de cette plateforme réside dans la possibilité de s’évaluer en équipe, chacun disposant d’un identifiant propre et anonymisant. « Nous avons de plus en plus de demandes concernant les groupes de professionnels, médecins ou paramédicaux, tous statuts confondus. Une fois l’évaluation faite, les résultats sont analysés et transmis à l’équipe. Cela fait naître le dialogue et permet de résoudre les situations de malaise dans un service par exemple », détaille Max-André Doppia. Pour s’adapter à toutes les personnalités et à la grande diversité des situations, une plateforme téléphonique existe aussi. Un numéro vert*, souvent le dernier recours des professionnels en détresse, est ouvert 24h/24 et géré 7j/7. Des psychologues cliniciens répondent aux appels. Sur l’ensemble de ces services, la fréquentation est stable depuis la création. « La plateforme a tout de suite trouvé son public. Cinq tests sont réalisés en moyenne par jour. Cela peut sembler faible mais c’est déjà un grand pas. Petit à petit, les gens s’approprient le sujet et osent
en parler », constate Max-André Doppia qui intervient dans de nombreux colloques et journées d’études pour présenter la commission Smart et le dispositif.

D’autres spécialités intéressées

D’ailleurs, d’autres spécialités s’y intéressent de près et songent à l’intégrer. « Ces questions ne concernent pas que les anesthésistes mais l’ensemble des professionnels de santé », précise Max-André Doppia. C’est pourquoi les urgentistes s’impliqueront prochainement dans le dispositif. « Sept urgentistes sur dix sont en burn out ou proche du burn out. Ces chiffres interpellent. L’expérience du Cfar nous a attirés, nous avons donc demandé s’il était possible d’ouvrir le dispositif aux urgentistes et aussi à leur famille », confie le Dr François Braun, président de Samu-Urgences de France. L’intégration est en cours : « Il nous reste à organiser concrètement la déclinaison sur les pages web qui nécessitent des aménagements d’espaces et à conclure un contrat d’association pour affilier les diverses spécialités au dispositif global », explique Max-André Doppia. Ce dernier interviendra prochainement lors des journées Journées Francophones de Radiologie, en octobre prochain, et probablement lors du congrès annuel de l’Association française d’urologie, fin novembre. « Depuis quelques années, nous avons clairement la perception de l’épuisement professionnel. Ces situations sont de plus en plus prégnantes. Nous avons décidé de consacrer notre symposium au burn out. C’est une façon d’aborder le mal-être en général », ajoute le Pr Pierre Mongiat-Artus, vice-président du Syndicat national des chirurgiens urologues français. Des collaborations qui pourraient amener encore d’autres spécialités, syndicats et collèges, à s’associer au projet.

ARTICLE PUBLIE LE 25/08/2016 – Par Clémence Neyrac pour HOSPIMEDIA (Tous droits réservés 2001/2016)